Sylvie est une maman assez fière du parcours de ses enfants. Dans son environnement familial, amical ou professionnel, on lui pose de temps en temps la question : « Comment avez-vous fait, ton mari et toi, pour qu’ils réussissent comme ça ? Avez-vous un secret ? »
La première fois, la question l’a complètement décontenancée : les choses s’étaient mises en place naturellement, elle ne savait pas quoi répondre. A force d’y réfléchir, elle a fini par dégager quelques réflexions et enseignements qu’elle partage maintenant bien volontiers.
Rétrospective :
Quand ils étaient petits, Sylvie a dit à ses enfants : « vous êtes normalement intelligents, vous devez normalement réussir ». Le papa a renchéri : « Dans cette famille, on n’a que de bonnes notes ». Les enfants ont parfaitement compris ce que leurs parents voulaient leur dire : « L’école, c’est votre affaire. Ne comptez pas trop sur nous pour vous plaindre ou faire quoi que ce soit à votre place ».
Résultat : ils ont d’abord travaillé pour eux et ont développé leur autonomie. De ce fait, Sylvie n’a pas eu à ouvrir un cahier de texte pour vérifier que les devoirs étaient faits ni à regarder si le cartable était bien préparé pour le lendemain. De toute façon, elle rentrait trop tard le soir pour ça. A la fin de chaque trimestre, elle se contentait de lire le bulletin que les enfants rapportaient. C’était un vrai rituel : elle lisait notes et commentaires des professeurs à voix haute, ligne par ligne, en exprimant sa satisfaction. « Easy » diriez-vous… C’est vrai qu’ils avaient des capacités. Les choses auraient été bien différentes s’ils ne les avaient pas eues.
Les mentions Très bien au Bac S sont arrivées comme des évidences. Encore facile…
En Terminale, sa fille ainée a choisi médecine et c’est seulement quand elle a réussi le concours dès la première année que la maman s’est dit : « Ah, quand même… En fait, elle est plutôt douée ». Depuis, sa fille continue sur sa voie et passera le concours de l’internat dans quelques mois. Sylvie n’a pas de doute sur le résultat.
A la dernière rentrée, son fils a intégré l’école Polytechnique, après deux années de classes préparatoires où il a dû se mettre un peu à travailler. Il n’en avait pas l’habitude et cela n’a pas été facile pour lui. Aujourd’hui, il a beau dire : « Tu sais, maman, une fille médecin et un fils ingénieur, c’est très cliché », Sylvie est encore impressionnée par le résultat.
Elle ne l’a pas vu venir, encore moins voulu. Il y a quelques années, son fils lui a dit : « Si j’avais voulu être boulanger, vous auriez été d’accord. Vous m’auriez juste demandé d’être un bon boulanger ».
Ce n’est pas faux…
- Avoir foi dans leurs ressources pour faire face.
Sachant que des générations d’écoliers étaient passés par là avant eux, il n’y avait aucune raison objective pour qu’ils n’y arrivent pas. Sylvie n’a donc pas voulu intervenir plus que nécessaire. Bien sûr, quand âgé de 4 ans, son fils a eu un problème avec un petit garçon qui cherchait à le racketter, elle est allée trouver sa maitresse. En dehors de cet épisode, elle n’a jamais sollicité de rendez-vous avec le corps enseignant. Ce n’était pas par manque d’intérêt pour ce qu’ils faisaient ou vivaient à l’école et elle n’a jamais manqué un rendez-vous annuel parents/professeurs. En cas de problème, les enfants savaient pouvoir compter sur eux. Ils n’en ont pas abusé.
- Les laisser choisir leur voie.
Qu’importe les études ou le métier, le plus important à ses yeux était qu’ils soient au bon endroit. Sylvie est bien placée pour savoir que les études permettent seulement d’ouvrir la première porte d’un long parcours professionnel qui peut révéler bien des surprises.
De fait, le choix de l’orientation n’a jamais été un sujet de préoccupation à la maison. Dès 5 ans, son fils savait qu’il voulait faire de la recherche en physique ou en maths. Quant à sa fille, elle n’a commencé à réfléchir à son métier que l’année du Bac. Quand ils ont eu à faire un choix, Sylvie s’est contentée de leur faciliter l’accès à l’information en leur montrant par exemple des statistiques ou en les emmenant à des journées Portes Ouvertes. Aujourd’hui, c’est avec bonheur qu’elle les voit s’épanouir dans ce qu’ils font et se passionner pour les matières qu’ils ont choisies.
- Faire confiance au corps enseignant.
Sylvie a eu beaucoup d’admiration et de gratitude pour les différents directeurs et proviseurs des écoles qu’ils ont fréquentées. Si ses enfants rencontraient une difficulté quelconque avec l’un de leurs professeurs, Sylvie et son mari partaient du principe que c’était à eux de faire l’effort d’adaptation nécessaire. Cela leur est arrivé, ils ne se sont pas laissés abattre et ont trouvé les moyens de surmonter le problème.
Quand son professeur de maths a mis un 7/20 au premier devoir de 1ère de son fils, elle a bien sûr eu très peur que son rêve ne soit plus réalisable. Elle a dû faire un effort pour rester en retrait. Son fils n’a pas eu besoin de son aide pour entendre le message et se résoudre à appliquer les méthodes décrites dans son cours alors même qu’il trouvait les enseignements bien trop scolaires. A la fin de l’année, il était premier dans la matière.
C’est bien cette capacité d’adaptation, comme la gestion émotionnelle dont ils font preuve tous les deux, qui au fond impressionnent le plus Sylvie.
Ce sont les mêmes principes et croyances qui constituent l’essence même de la posture de coach ou manager coach, à savoir :
– une confiance importante dans le collaborateur ou la personne accompagnée, dans sa capacité à trouver par lui-même ou elle-même, les solutions à ses propres difficultés.
– la foi dans l’existence qui trouvera toujours le moyen de nous apporter ce dont nous avons besoin.
Faire siennes ces croyances permet de limiter l’impact de nos peurs. Car tapies dans l’ombre, elles sont toujours prêtes à prendre le dessus et à nous faire intervenir plus que de raison, transformant une simple difficulté en un vrai problème à régler.
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